Si nous avons survécu à la première année de mon fils, je crois que c'est uniquement pour lui. Car j'ai bien cru que l'histoire avec son père était vraiment finie.
Je suis rentrée de la maternité épuisée, très anxieuse, espérant un soutien qui n'est jamais venu. Lui au contraire, ne changeait absolument rien à sa vie. Ses grasses matinées, ses horaires de travail, ses loisirs... Certes, il ne sortait pas tous les soirs avec ses copains, mais il rentrait tard, regardait à peine son fils, et moi encore moins…
J'étais seule toute la journée, à me débattre avec la paperasserie, les visites médicales, les biberons, la recherche d'une nounou. Il ne m’aidait pas plus à gérer toutes nos nouvelles responsabilités qui m'ont vite semblé insurmontables, ingérables. Mais je ne lui rien demandé. J'estimais ne pas avoir à le faire. Qu'il était normal que cela vienne de lui. J'attendais qu'il devienne père, vraiment.
J'ai craqué avant. Disputes, pleurs. Puis plus rien. J'ai fini par tellement lui en vouloir que je ne voyais pas d'autre issue que la séparation. J'allais vraiment mal, mais il semblait s'en moquer, ou ne pas le voir. Je me réveillais tous les matins en me demandant si j'allais le quitter. Mais mon fils me retenait, même si le quotidien était de plus en plus dur.
Ce qui nous a sauvés, c'est que je suis allée consulter un psy pour ce que je pensais être une dépression post-natale. Il m’a aidé à tout remettre à plat, et notamment les problèmes de mon couple. J’ai compris qu’il fallait que j’arrête d’attendre que mon mari anticipe mes besoins, que je lui parle, que j’apprenne à lui demander de l'aide, sans crier, sans dispute, calmement. Et surtout, j’ai réalisé que c'était normal de ne pas y arriver seule, même si je le vivais mal, et que j’avais aussi ma part de responsabilité dans nos problèmes.
Mon mari a pris une grande claque dans la figure quand je lui ai expliqué ce que je venais de vivre (notre fils avait 15 mois à l'époque). Il n'avait rien vu, se disait que je gérais tout tellement bien. Il a reconnu qu'entre ses problèmes de travail et la naissance du bébé, il était sur une autre planète, qu'il avait été égoïste, mais qu'il s'était aussi parfois senti exclu de notre relation. Il a fait des efforts pour changer, et aujourd’hui, ça va mieux.
Nous avons compris que toutes nos difficultés reposaient sur un immense malentendu autour de ce que chacun pensait que l'autre voulait. Je ne sais pas pourquoi nous n’en n’avons pas parlé avant. La fatigue, le stress, puis très vite, la rancœur… Aujourd'hui encore, le moindre petit problème la fait vite ressurgir. Je ne pense pas lui avoir pardonné. Le sentiment d’avoir réellement été abandonnée est encore trop présent.
Je suis contente qu'il ait trouvé sa place auprès de notre fils. Mais je ne suis pas sûre qu'il ait retrouvé sa place auprès de moi... Sommes-nous encore un couple ? Ou seulement des parents ? Je n’ai toujours pas la réponse.
miércoles, 16 de julio de 2014
{Devenir parents sans baby-clash}
Devenir parents sans baby-clash
Nouvelles responsabilités, nouveaux rythmes, nouvelle vie… La naissance d’un enfant bouleverse inévitablement la vie de la famille, et celle du couple. Trop déstabilisés par ce chambardement, fragilisés par des conflits antérieurs, certains parents se séparent avant même que l’enfant n’ait soufflé sa première bougie. C’est ce que les experts appellent le baby-clash. Bernard Geberowicz, psychiatre et auteur de Baby-clash, le couple à l’épreuve de l’enfant (Albin Michel), nous en dit plus sur les raisons d’une telle crise.
Sait-on quelle est la proportion des couples qui se séparent suite à la naissance d’un enfant?
Bernard Geberowicz : Il n’existe pas de statistiques pour le dire. Tout simplement parce qu’il est très délicat de faire un lien direct entre l’arrivée de l’enfant et la séparation du couple. Quand un couple se sépare, on ne peut pas en attribuer la responsabilité à un seul facteur. Néanmoins, j’ai l’habitude de répondre que 100% des couples traversent des turbulences à la naissance du premier bébé. Par ailleurs, on sait qu’environ 20% des couples se séparent dans les 4-5 années de vie commune, et ce, qu’ils soient ou non parents.
Pourquoi l’arrivée du premier enfant est-elle particulièrement déstabilisante ?
Bernard Geberowicz : Le remaniement qui a lieu à l’arrivée d’un premier bébé est très important parce qu’il s’exerce à plusieurs niveaux. D’une part au niveau de chacun des partenaires, de façon individuelle. D’autre part au niveau du couple, à l’intérieur même de celui-ci, mais aussi entre le couple et les familles d’origine, et enfin entre le couple et le reste du monde social (amis, travail). Cette naissance est une période de crise qui, comme toute crise, sépare deux moments d’équilibre : celui antérieur à la naissance, et, à priori, un nouvel équilibre qui va se mettre en place après, parfois seulement quelques mois plus tard.
Le remaniement individuel dont vous parlez, quel est-il concrètement?
Bernard Geberowicz : D’abord, c’est un remaniement qui n’est pas tout à fait synchrone, et pas situé sur les mêmes registres, pour la mère et pour le père. La femme, en devenant maman, peut revivre des traumatismes de sa propre enfance, de sa propre relation à sa mère. Elle traverse la période dépressive du baby blues, qui ne dure que quelques jours, mais n’en n’est pas moins bouleversante. Elle vit une très grande proximité avec son bébé, et en parallèle, une certaine forme de distance avec son partenaire masculin.
L’homme, lui, peut être troublé à d’autres niveaux. Il développe assez souvent un sentiment de responsabilité au sens plein du terme qu’il n’avait pas toujours développé jusque-là. Comme quelque chose qui se transmettrait de génération en génération autour du chef de famille. Avec le changement de l’ordre des générations, il prend aussi conscience de sa qualité de mortel, ce qui peut être très déstabilisant. L’apprentissage de la paternité matérialise vraiment cette phase de maturité, où l’homme se dit « Il faut que j’arrête les conneries, que je fasse attention, je n’ai plus le droit de mourir. »
Au niveau du couple, quelle redéfinition s’opère-t-elle ?
Bernard Geberowicz : Le couple passe de 1+1 à 2+1 voire, pour certains, carrément à 3. Cela se met en place doucement. En psychologie, nous avons coutume de dire que c’est au père de permettre la triangulation avec le bébé, mais cela se fait avec plus ou moins d’harmonie et de bonne humeur. De plus, il faut aussi du temps pour que le couple se retrouve sexuellement. Pour la plupart des femmes, qui passent assez facilement d’une période à une autre, c’est moins difficile à accepter que pour les hommes, qui ont généralement la nostalgie de la période antérieure.
La sexualité, après une naissance, n’est pas toujours une priorité. Faudrait-il que cela le soit ?
Bernard Geberowicz : L’arrivée de l’enfant est une période pendant laquelle il est indispensable que les parents repositionnent les frontières de leur intimité et retrouvent des moments de promiscuité. Mais il ne s’agit pas forcément de moments sexuels. Plutôt de moments de complicité, de sensualité, de sensorialité. Souvent, les parents se séparent le jour où ils prennent conscience qu’ils se sont trop éloignés l’un de l’autre, qu’ils ne font plus couple. Il est important de réussir à prendre du bon temps ensemble, et cela ne veut pas forcément dire partir huit jours aux Seychelles, ou aller au restaurant. Il suffit parfois de passer une heure ou deux ensemble, quand le bébé dort, à discuter, à prendre soin l’un de l’autre. Et je soulignerais juste de faire attention aux écrans (télé, ordinateur, téléphone…), qui font « écran », justement, à la relation.
Pourquoi certains couples parviennent-ils à passer ce cap et d’autres non ?
Bernard Geberowicz : Les couples les plus fragiles sont ceux qui, en quelque sorte, n’étaient pas prévenus des difficultés qui pouvaient les attendre. Ils ont un sentiment très fort de déception, de désillusion, qui est moins grand lorsque l’on a conscience de vivre une turbulence que traversent la plupart des couples. La fatigue joue aussi beaucoup. Si celle-ci est normale et habituelle, elle peut nous rendre égoïste (on se pense toujours plus fatigué que l’autre) et modifier notre seuil de tolérance aux insatisfactions, aux frustrations. Certains ne parviennent pas à voir la bouteille à moitié pleine et ne se focalisent que sur le négatif. Mais il serait réducteur de chercher une seule et unique cause de séparation, car souvent, les difficultés rencontrées à l’arrivée de l’enfant ne font que réveiller un déséquilibre antérieur.
En quoi l’aide d’un thérapeute peut-elle être profitable ?
Bernard Geberowicz : L’avantage de venir parler devant un tiers, c’est que l’on s’écoute mieux, et que l’on entend mieux l’autre. D’ailleurs, les couples qui s’en sortent sont ceux qui arrivent à développer leur empathie, c’est-à-dire à prendre le temps de s’écouter vraiment et de se mettre à la place l’un de l’autre. Ils réalisent alors que l’on peut avoir une vision différente des choses, tout en ayant tous les deux raison.
Fuente: www.psychologies.com
Nouvelles responsabilités, nouveaux rythmes, nouvelle vie… La naissance d’un enfant bouleverse inévitablement la vie de la famille, et celle du couple. Trop déstabilisés par ce chambardement, fragilisés par des conflits antérieurs, certains parents se séparent avant même que l’enfant n’ait soufflé sa première bougie. C’est ce que les experts appellent le baby-clash. Bernard Geberowicz, psychiatre et auteur de Baby-clash, le couple à l’épreuve de l’enfant (Albin Michel), nous en dit plus sur les raisons d’une telle crise.
Sait-on quelle est la proportion des couples qui se séparent suite à la naissance d’un enfant?
Bernard Geberowicz : Il n’existe pas de statistiques pour le dire. Tout simplement parce qu’il est très délicat de faire un lien direct entre l’arrivée de l’enfant et la séparation du couple. Quand un couple se sépare, on ne peut pas en attribuer la responsabilité à un seul facteur. Néanmoins, j’ai l’habitude de répondre que 100% des couples traversent des turbulences à la naissance du premier bébé. Par ailleurs, on sait qu’environ 20% des couples se séparent dans les 4-5 années de vie commune, et ce, qu’ils soient ou non parents.
Pourquoi l’arrivée du premier enfant est-elle particulièrement déstabilisante ?
Bernard Geberowicz : Le remaniement qui a lieu à l’arrivée d’un premier bébé est très important parce qu’il s’exerce à plusieurs niveaux. D’une part au niveau de chacun des partenaires, de façon individuelle. D’autre part au niveau du couple, à l’intérieur même de celui-ci, mais aussi entre le couple et les familles d’origine, et enfin entre le couple et le reste du monde social (amis, travail). Cette naissance est une période de crise qui, comme toute crise, sépare deux moments d’équilibre : celui antérieur à la naissance, et, à priori, un nouvel équilibre qui va se mettre en place après, parfois seulement quelques mois plus tard.
Le remaniement individuel dont vous parlez, quel est-il concrètement?
Bernard Geberowicz : D’abord, c’est un remaniement qui n’est pas tout à fait synchrone, et pas situé sur les mêmes registres, pour la mère et pour le père. La femme, en devenant maman, peut revivre des traumatismes de sa propre enfance, de sa propre relation à sa mère. Elle traverse la période dépressive du baby blues, qui ne dure que quelques jours, mais n’en n’est pas moins bouleversante. Elle vit une très grande proximité avec son bébé, et en parallèle, une certaine forme de distance avec son partenaire masculin.
L’homme, lui, peut être troublé à d’autres niveaux. Il développe assez souvent un sentiment de responsabilité au sens plein du terme qu’il n’avait pas toujours développé jusque-là. Comme quelque chose qui se transmettrait de génération en génération autour du chef de famille. Avec le changement de l’ordre des générations, il prend aussi conscience de sa qualité de mortel, ce qui peut être très déstabilisant. L’apprentissage de la paternité matérialise vraiment cette phase de maturité, où l’homme se dit « Il faut que j’arrête les conneries, que je fasse attention, je n’ai plus le droit de mourir. »
Au niveau du couple, quelle redéfinition s’opère-t-elle ?
Bernard Geberowicz : Le couple passe de 1+1 à 2+1 voire, pour certains, carrément à 3. Cela se met en place doucement. En psychologie, nous avons coutume de dire que c’est au père de permettre la triangulation avec le bébé, mais cela se fait avec plus ou moins d’harmonie et de bonne humeur. De plus, il faut aussi du temps pour que le couple se retrouve sexuellement. Pour la plupart des femmes, qui passent assez facilement d’une période à une autre, c’est moins difficile à accepter que pour les hommes, qui ont généralement la nostalgie de la période antérieure.
La sexualité, après une naissance, n’est pas toujours une priorité. Faudrait-il que cela le soit ?
Bernard Geberowicz : L’arrivée de l’enfant est une période pendant laquelle il est indispensable que les parents repositionnent les frontières de leur intimité et retrouvent des moments de promiscuité. Mais il ne s’agit pas forcément de moments sexuels. Plutôt de moments de complicité, de sensualité, de sensorialité. Souvent, les parents se séparent le jour où ils prennent conscience qu’ils se sont trop éloignés l’un de l’autre, qu’ils ne font plus couple. Il est important de réussir à prendre du bon temps ensemble, et cela ne veut pas forcément dire partir huit jours aux Seychelles, ou aller au restaurant. Il suffit parfois de passer une heure ou deux ensemble, quand le bébé dort, à discuter, à prendre soin l’un de l’autre. Et je soulignerais juste de faire attention aux écrans (télé, ordinateur, téléphone…), qui font « écran », justement, à la relation.
Pourquoi certains couples parviennent-ils à passer ce cap et d’autres non ?
Bernard Geberowicz : Les couples les plus fragiles sont ceux qui, en quelque sorte, n’étaient pas prévenus des difficultés qui pouvaient les attendre. Ils ont un sentiment très fort de déception, de désillusion, qui est moins grand lorsque l’on a conscience de vivre une turbulence que traversent la plupart des couples. La fatigue joue aussi beaucoup. Si celle-ci est normale et habituelle, elle peut nous rendre égoïste (on se pense toujours plus fatigué que l’autre) et modifier notre seuil de tolérance aux insatisfactions, aux frustrations. Certains ne parviennent pas à voir la bouteille à moitié pleine et ne se focalisent que sur le négatif. Mais il serait réducteur de chercher une seule et unique cause de séparation, car souvent, les difficultés rencontrées à l’arrivée de l’enfant ne font que réveiller un déséquilibre antérieur.
En quoi l’aide d’un thérapeute peut-elle être profitable ?
Bernard Geberowicz : L’avantage de venir parler devant un tiers, c’est que l’on s’écoute mieux, et que l’on entend mieux l’autre. D’ailleurs, les couples qui s’en sortent sont ceux qui arrivent à développer leur empathie, c’est-à-dire à prendre le temps de s’écouter vraiment et de se mettre à la place l’un de l’autre. Ils réalisent alors que l’on peut avoir une vision différente des choses, tout en ayant tous les deux raison.
Fuente: www.psychologies.com
{5 conseils pour éviter le baby-clash}
La naissance d’un enfant, événement aussi heureux soit-il, est rarement sans conséquence pour le couple. D’après le psychiatre Bernard Geberowicz, 100% des parents traverseraient des turbulences à l’arrivée du premier bébé. Il nous donne ses conseils pour que les difficultés ne se transforment pas en baby-clash, et que la séparation ne devienne pas la seule issue.
Anne-Laure Vaineau
Sommaire
Anticiper la désillusion
Hiérarchiser ensemble les priorités
Parvenir à faire équipe
Replacer les frontières de l’intimité
Se parler, et s’écouter
Bernard Geberowicz, psychiatre, est co-auteur, avec Colette Barroux, de Baby-clash, le couple à l’épreuve de l’enfant (Albin Michel, 2005), il répond également à nos questions dans l'interview "Devenir parents sans baby-clash".
Quotidien à réaménager, responsabilités à endosser, priorités à revoir… Pour le couple parental, la naissance d’un bébé nécessite de poser les bases d’un nouvel équilibre. Un bouleversement parfois délicat à gérer, notamment lorsque viennent s’ajouter la fatigue, les angoisses, ou encore les conseils contradictoires de l’entourage. Lorsque le couple accumule des conflits antérieurs non résolus, que les partenaires ne parviennent pas à faire de compromis, ou encore que les difficultés de l’un ne sont pas entendues par l’autre, il arrive que la séparation soit perçue comme la seule issue, parfois même dès la première année de vie de l’enfant. Le psychiatre Bernard Geberowicz nous donne cinq conseils pour passer ce cap et éviter le baby-clash.
Anticiper la désillusion
« Il existe comme un sentiment de honte à faire part des difficultés qui accompagnent un moment censé être parfaitement heureux, expliquent Bernard Geberowicz et Colette Barroux. Et comme un soulagement à constater que presque tous les couples sont confrontés à des réaménagements souvent difficiles. » C’est là la première clé : s’informer, anticiper, et en parler ensemble. Ainsi, la déception est moins forte, et il semble plus facile de dépasser les difficultés qui se présentent au quotidien. En rediscutant par exemple du partage des tâches et des responsabilités avant même la naissance. « Un couple averti en vaut deux, » répète Bernard Geberowicz.
Hiérarchiser ensemble les priorités
« Nous allons être tranquilles ce week-end, et en profiter pour nous reposer, voir des amis, sortir avec le bébé, nous retrouver à l’heure de la sieste, faire les courses, le ménage… » Ce genre de discours, Bernard Geberowicz l’a souvent entendu. Et il montre combien, chez les jeunes parents, l’envie de vouloir tout mener de front est rarement compatible avec les 24 heures que compte une journée. Le risque à vouloir trop en faire ? L’énervement, la déception, voire, les rancœurs (la responsabilité de l’autre est toujours plus facile à mettre en cause), et les disputes. « C’est à chacun, individuellement mais aussi dans le couple, de mettre en place ses hiérarchies et d’essayer de les rendre compatibles avec celles de l’autre, explique le psychiatre. Le bébé, au début, va rester prioritaire, voire exclusif. Si les parents veulent trop vite retrouver une vie équilibrée « comme avant », ils vont ressembler à ces jongleurs qui arrivent à faire tourner plusieurs assiettes sur des piques de bois, mais dans une agitation épuisante. » Épanouissement personnel, vie professionnelle, vie sociale, vie amoureuse… Les premiers mois qui suivent une naissance, le couple doit se résoudre à ne pas pouvoir tout concilier, et donc choisir où capitaliser son énergie.
Parvenir à faire équipe
Savoir demander de l’aide n’est pas à la portée de tous. Le plus souvent, pour des raisons essentiellement culturelles, ce sont les femmes qui prennent en charge beaucoup des nouvelles tâches du quotidien, et paradoxalement, ce sont elles qui sont les moins aptes à exprimer leurs besoins auprès de leurs partenaires. Résultat, elles sont dans l’attente, se persuadent que c’est à l’autre de savoir ce qu’il a à faire, sans qu’elles n’aient à le lui demander. « Dans ces moments de réorganisation relationnelle, l’équipe parentale a besoin d’apprendre à bien jouer ensemble, à acquérir les “fondamentaux” comme disent les sportifs, explique Bernard Geberowicz. L’empathie, cette capacité à se mettre à la place de l’autre, avec bienveillance, est une des composantes essentielles qui va développer la complémentarité à l’intérieur du couple. »
Replacer les frontières de l’intimité
Le bébé est endormi dans la chambre parentale, ses jouets et autres doudous traînent sur le canapé, couches, lingettes et autres tétines ont recouvert les étagères de la salle de bain… Les premiers temps, le territoire du couple est un peu envahi par ce petit être qui vient de faire irruption dans sa vie. Les trois premiers mois, ce que le psychiatre nomme « la folie des cent premiers jours », difficile de faire autrement. Mais passé ce cap, il est important que le couple retrouve progressivement ses marques, et sa légitimité. « Le couple a besoin de se retrouver. Non qu’il se soit perdu, mais il s’est dissout, provisoirement, dans le “bébé d’abord”. » Pour se retrouver, il n’est pour autant pas forcément nécessaire de partir en amoureux à l’autre bout du monde, ou de programmer des sorties régulières, surtout si la séparation d’avec le bébé peut sembler précoce, ou angoissante, à l’un des deux parents, ce qu’il faut respecter. C’est donc au quotidien que le couple doit réapprendre les contours de son intimité, de sa sensualité, de sa sensorialité, et de sa sexualité. La maison, bien que devenue familiale, doit toujours pouvoir être associée avec « couple et intimité ».
Se parler, et s’écouter
Caroline a bien cru que son couple allait voler en éclat à la naissance de son fils. Tiraillée entre son besoin d’être soutenue et son incapacité à demander de l’aide à son mari, elle a fini par dépasser ses blocages, grâce à l’aide d’un thérapeute. Elle témoigne. "Notre couple a surmonté le baby-clash".
Développer son empathie, se mettre à la place de l’autre, savoir exprimer ses besoins… Voilà donc autant de conseils qui se résument en une seule action : se parler, et s’écouter. Point de salut sans paroles. Pour ressortir plus fort de l’expérience qu’il traverse, le couple doit avancer soudé, et communiquer. « Il faut lever le voile sur les premiers soubresauts avant qu’ils ne deviennent un séisme qui s’en prenne aux fondations mêmes de la nouvelle famille, assure Bernard Geberowivz. Comme tout architecte le sait bien, ce sont les constructions les plus flexibles qui sont les plus résistantes. » Et de conclure que, pour surmonter les difficultés, et profiter des bonheurs qu’offre la naissance d’un enfant, « le couple doit acquérir l’échine du roseau, qui “plie mais ne rompt pas”».
Fuente: www.psychologies.com
Anne-Laure Vaineau
Sommaire
Anticiper la désillusion
Hiérarchiser ensemble les priorités
Parvenir à faire équipe
Replacer les frontières de l’intimité
Se parler, et s’écouter
Bernard Geberowicz, psychiatre, est co-auteur, avec Colette Barroux, de Baby-clash, le couple à l’épreuve de l’enfant (Albin Michel, 2005), il répond également à nos questions dans l'interview "Devenir parents sans baby-clash".
Quotidien à réaménager, responsabilités à endosser, priorités à revoir… Pour le couple parental, la naissance d’un bébé nécessite de poser les bases d’un nouvel équilibre. Un bouleversement parfois délicat à gérer, notamment lorsque viennent s’ajouter la fatigue, les angoisses, ou encore les conseils contradictoires de l’entourage. Lorsque le couple accumule des conflits antérieurs non résolus, que les partenaires ne parviennent pas à faire de compromis, ou encore que les difficultés de l’un ne sont pas entendues par l’autre, il arrive que la séparation soit perçue comme la seule issue, parfois même dès la première année de vie de l’enfant. Le psychiatre Bernard Geberowicz nous donne cinq conseils pour passer ce cap et éviter le baby-clash.
Anticiper la désillusion
« Il existe comme un sentiment de honte à faire part des difficultés qui accompagnent un moment censé être parfaitement heureux, expliquent Bernard Geberowicz et Colette Barroux. Et comme un soulagement à constater que presque tous les couples sont confrontés à des réaménagements souvent difficiles. » C’est là la première clé : s’informer, anticiper, et en parler ensemble. Ainsi, la déception est moins forte, et il semble plus facile de dépasser les difficultés qui se présentent au quotidien. En rediscutant par exemple du partage des tâches et des responsabilités avant même la naissance. « Un couple averti en vaut deux, » répète Bernard Geberowicz.
Hiérarchiser ensemble les priorités
« Nous allons être tranquilles ce week-end, et en profiter pour nous reposer, voir des amis, sortir avec le bébé, nous retrouver à l’heure de la sieste, faire les courses, le ménage… » Ce genre de discours, Bernard Geberowicz l’a souvent entendu. Et il montre combien, chez les jeunes parents, l’envie de vouloir tout mener de front est rarement compatible avec les 24 heures que compte une journée. Le risque à vouloir trop en faire ? L’énervement, la déception, voire, les rancœurs (la responsabilité de l’autre est toujours plus facile à mettre en cause), et les disputes. « C’est à chacun, individuellement mais aussi dans le couple, de mettre en place ses hiérarchies et d’essayer de les rendre compatibles avec celles de l’autre, explique le psychiatre. Le bébé, au début, va rester prioritaire, voire exclusif. Si les parents veulent trop vite retrouver une vie équilibrée « comme avant », ils vont ressembler à ces jongleurs qui arrivent à faire tourner plusieurs assiettes sur des piques de bois, mais dans une agitation épuisante. » Épanouissement personnel, vie professionnelle, vie sociale, vie amoureuse… Les premiers mois qui suivent une naissance, le couple doit se résoudre à ne pas pouvoir tout concilier, et donc choisir où capitaliser son énergie.
Parvenir à faire équipe
Savoir demander de l’aide n’est pas à la portée de tous. Le plus souvent, pour des raisons essentiellement culturelles, ce sont les femmes qui prennent en charge beaucoup des nouvelles tâches du quotidien, et paradoxalement, ce sont elles qui sont les moins aptes à exprimer leurs besoins auprès de leurs partenaires. Résultat, elles sont dans l’attente, se persuadent que c’est à l’autre de savoir ce qu’il a à faire, sans qu’elles n’aient à le lui demander. « Dans ces moments de réorganisation relationnelle, l’équipe parentale a besoin d’apprendre à bien jouer ensemble, à acquérir les “fondamentaux” comme disent les sportifs, explique Bernard Geberowicz. L’empathie, cette capacité à se mettre à la place de l’autre, avec bienveillance, est une des composantes essentielles qui va développer la complémentarité à l’intérieur du couple. »
Replacer les frontières de l’intimité
Le bébé est endormi dans la chambre parentale, ses jouets et autres doudous traînent sur le canapé, couches, lingettes et autres tétines ont recouvert les étagères de la salle de bain… Les premiers temps, le territoire du couple est un peu envahi par ce petit être qui vient de faire irruption dans sa vie. Les trois premiers mois, ce que le psychiatre nomme « la folie des cent premiers jours », difficile de faire autrement. Mais passé ce cap, il est important que le couple retrouve progressivement ses marques, et sa légitimité. « Le couple a besoin de se retrouver. Non qu’il se soit perdu, mais il s’est dissout, provisoirement, dans le “bébé d’abord”. » Pour se retrouver, il n’est pour autant pas forcément nécessaire de partir en amoureux à l’autre bout du monde, ou de programmer des sorties régulières, surtout si la séparation d’avec le bébé peut sembler précoce, ou angoissante, à l’un des deux parents, ce qu’il faut respecter. C’est donc au quotidien que le couple doit réapprendre les contours de son intimité, de sa sensualité, de sa sensorialité, et de sa sexualité. La maison, bien que devenue familiale, doit toujours pouvoir être associée avec « couple et intimité ».
Se parler, et s’écouter
Caroline a bien cru que son couple allait voler en éclat à la naissance de son fils. Tiraillée entre son besoin d’être soutenue et son incapacité à demander de l’aide à son mari, elle a fini par dépasser ses blocages, grâce à l’aide d’un thérapeute. Elle témoigne. "Notre couple a surmonté le baby-clash".
Développer son empathie, se mettre à la place de l’autre, savoir exprimer ses besoins… Voilà donc autant de conseils qui se résument en une seule action : se parler, et s’écouter. Point de salut sans paroles. Pour ressortir plus fort de l’expérience qu’il traverse, le couple doit avancer soudé, et communiquer. « Il faut lever le voile sur les premiers soubresauts avant qu’ils ne deviennent un séisme qui s’en prenne aux fondations mêmes de la nouvelle famille, assure Bernard Geberowivz. Comme tout architecte le sait bien, ce sont les constructions les plus flexibles qui sont les plus résistantes. » Et de conclure que, pour surmonter les difficultés, et profiter des bonheurs qu’offre la naissance d’un enfant, « le couple doit acquérir l’échine du roseau, qui “plie mais ne rompt pas”».
Fuente: www.psychologies.com
Suscribirse a:
Entradas (Atom)